Paraguay La rivalité entre « sans terres » et propriétaires étrangers
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- « Bien que la police nous chasse et détruise nos productions, nous luttons depuis dix ans pour rester sur ces terres », confie Juan de Dios Meza, au camp des paysans sans terres de Maria Auxiliadora, dans le sud-est du Paraguay. Les « sans terres » occupent 78 des 350 hectares d'un propriétaire belge, producteur de soja OGM en monoculture. Ils revendiquent une centaine d'hectares pour vivre sur ces terrains que cultivaient anciennement, avec un droit coutumier, leurs parents et grands-parents.
- Ces camps de paysans sont un phénomène récurrent dans le pays : environ 300 000 familles sans terre vivraient au Paraguay. Dès les années quatre-vingt-dix, Brésiliens, Belges ou encore Urugayens se sont installés au Paraguay pour faire fortune. Des domaines de plusieurs centaines, voire de milliers d'hectares appelés « Estancias » ont été rachetés et le marché continue de prospérer. Il suffit de regarder sur internet pour voir fleurir des centaines d'offres d'achat. Les prix varient selon la région, de 800 $ US (644 €) par hectare dans les moins productives du Nord à plus de 2000 $ US (1 610 €) dans le Sud, propice à la monoculture de soja. L'acquisition des titres de propriété et des terres par ces investisseurs étrangers cause de plus en plus de problèmes. « Auparavant, tout le monde cultivait du coton, du maïs et du blé, ce qui nous permettait de vivre. Désormais, la seule culture rentable sur une petite surface reste le coton », explique Porfilio Espinal, un des rares agriculteurs locaux à être propriétaire de 10 hectares à San Rafael, dans le sud-est du Paraguay.
- Cette diminution de la production conjuguée à la densification des villes a emporté la colère des citadins confrontés à des pénuries alimentaires. En réaction, le gouvernement a pris de bien maigres dispositions pour soutenir indirectement les « sans terres » via l'Indert (Institut national du développement rural et des terres). Lorsque le propriétaire est lassé de déloger ces « squatteurs » et qu'il finit par vendre, l'institut lui rachète ses terres qui sont ensuite vendues à crédit aux petits agriculteurs locaux. Ces années d'occupation sauvage se soldent par un long remboursement sur dix ans pour les petits agriculteurs, possible grâce à la vente de leurs productions. Porfilio Espinal a bénéficié de ce programme, il lui reste trois ans pour rembourser. L'Indert reste l'intermédiaire obligatoire pour acheter du foncier car, au Paraguay, il est impossible d'emprunter sans être déjà propriétaire et donc complètement illusoire de le devenir un jour.
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